Ne retenir que le pire du pire. Pour mieux oublier. Ne retenir que le pire du pire, c'est ce qu'on y fait, dans le couloir de l'oubli. Parce qu'oublier c'est sélectionner ce qu'on retient.
J'ai un peu de mal avec avec la douleur. J'ai tendance à l'esquiver, je dois avouer, que je passe mon temps à l'esquiver, en réalité. A relever la tête indéfiniment. A Virgin, je ne veux plus y aller maman. Jeremy, je ne veux pas y penser maman, Raphael, je ne veux pas le regarder maman. Et je souris, tu sais, quand je passe devant chez lui, quand j'arrive à oublier de regarder sa maison. Quand j'arrive à ne pas y penser. Je ne veux plus penser aux cheveux des Raphaëls, à la tête de l'un contre le matelas, au sourire de l'autre, non. Je ne veux plus y penser. Ma tête est comme un disque rayé. Tu vois maman? Je prends le temps de souffrir, comme tu m'as dit de faire. J'arrête de sourire. Je baisse la tête et je chiale. Défaite. Bordel, de grosse défaite. J'ai l'impression, je crois vraiment, que je pleure, que je me vide de tout ça. Mais c'est tellement inutile, maman. J'aimais bien me mentir. Je détestais, souffrir en continu. Les gens ne me croyaient pas, quand je disait que j'étais malheureuse. Je vis tous ces chagrins, toutes ces larmes, tout les jours. Parce qu'au lieu de pleurer, d'y penser, au lieu de faire tout ça. Je souffre sans même réussir à me rendre compte pourquoi exactement. Tout doucement. Tout le monde se crée un cercle vicieux au cours du temps. Alors, j'avais le miens, t'sais. Mon cercle à moi. Et puis je suis arrivée au milieu. Et j'étais déjà toute morte. Tu sais morte, sans âme. Je souffrais juste. Plus envie de dire bonjour à Agathe le matin, plus envie d'aller voir les autres pendant les pauses. Plus envie de manger. Agathe, tu pèses 47 kg. Et puis, et puis. stop.
Parce que toutes ces larmes, elles sont minuscules, parce que je ne les ai même pas aimés. Parce que Vincent est là. STOP.